Bloodrayne, sang pour sang immoral

À l'instar du zombie dont je vous ai parlé récemment, le nazi est un autre grand méchant dont raffole l'industrie du jeu vidéo. Depuis les débuts de la série Wolfenstein dans les 90's jusqu'aux récents Sniper Elite et autres simulations douteuses de seconde guerre mondiale, on en aura dégommé du national-socialiste! Il faut dire que la représentation de la sinistre croix gammée dans une oeuvre de pur divertissement ne suscite plus de réelle polémique.

Hollywood a largement défriché l'affaire en intégrant le Troisième Reich dans un nombre incalculable de productions destinées au grand public (La Dernière Croisade, Les Aventuriers de l'Arche Perdue, Hellboy, Captain America, Inglourious Basterds...). Même le marché allemand, historiquement très à cheval sur le sujet, autorise depuis 2018 la représentation symboles nazis dans les jeux vidéos.

Transformé en figure abstraite, représentation générique d'un mal absolu, le nazi offre un canevas scénaristique simple qui apporte un parfum de souffre bon marché à de nombreuses productions vidéo-ludiques en quête de buzz. Le racolage facile n'est donc jamais loin, un domaine dans lequel Bloodrayne est passé maître en 2002 avec son cocktail erotico-fantastico-militaire d'un mauvais goût absolu.


Pourquoi c'est honteux?

L'intrigue est d'un déjà-vu consternant : Peu avant la seconde guerre mondiale, une créature mi-vampire/mi-humaine est recrutée par une organisation secrète pour empêcher le Troisième Reich de mettre la main sur un artefact aux pouvoirs surnaturels. Voilà, c'est tout! Pour arriver à ses fins, notre héroïne hybride possède un arsenal conséquent et plusieurs pouvoirs dévastateurs qui lui permettent de mettre en pièce tout ce qui aura le malheur de croiser sa route.

Les deux énormes lames dont dispose l'héroïne vont de paire avec une localisation très précise des dégâts. Bras, jambes, têtes... on débite les soldats et autres zombis (il en faut bien) en saucisson sans trop d'efforts. Pour aller un peu plus loin dans le gore gratuit, une jauge de rage se remplit au fil des combats jusqu'à déchaîner l'enfer sur terre. La belle fait alors tout simplement exploser les adversaires à la moindre attaque. Simple et efficace.


Autre compétence bien utile lorsque la vie vient à manquer : Notre vampire peut "refaire le plein" en sautant à la gorge de ses ennemis humains. L'attaque spéciale donne lieu a des bruitages grivois du plus bel effet et permet surtout de compenser l'énorme difficulté du jeu.

Sans surprise, le jeu tout entier est une succession d'affrontements. Peu de réflexion ou d'exploration au programme, même s'il arrive de devoir faire du backtracking pour trouver son chemin. L'aventure est découpée en trois actes qui nous font traverser la Louisiane, une base nazi, puis un énorme château médiéval où se cache l'artefact tant convoité. Tout ici est pensé pour maximiser le bourrinage, ce n'est pas très fin mais on s'amuse bien, surtout en jouant par petites sessions espacées. Mine de rien, l'aventure est longue et il me paraît improbable de se farcir le jeu d'une traite tant le gameplay est répétitif.

La réalisation est en demi-teinte, et sans aller jusqu'à dire que le jeu méritait mieux (c'est quand même un peu nul), les animations tirent le bilan technique vers le bas. Les déplacements et sauts sont extrêmement rigides, et donnent l'impression de manipuler une figurine en plastique plutôt qu'un être de chair et de sang. Rien de flamboyant non plus au niveau des environnements, souvent ternes et noyés dans un brouillard à faire passer Silent Hill pour une petite bourgade ensoleillée.


Malgré ses nombreux défaut, Bloodrayne trouvera son public et aura même les "honneurs" d'une adaptation cinématographique signée Uwe Bowl avec Kristanna Loken dans le rôle titre.

Potentiel de rejouabilité : 4/10

Cheap et bancal comme un mauvais film d'horreur échappé des années 80, Bloodayne est un plaisir coupable qui doit beaucoup à sa bouffonnerie assumée. L'ambiance nanardesque n'a rien à envier aux pires séries Z et offre quelques instants de détente en mode "cerveau débranché".

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