Ready Player One, en route pour le high score?

[Léger spoiler]

Je dois vous avouer un truc : Lorsque j’ai vu pour la première fois la bande annonce de Ready Player One, j’ai eu TRÈS PEUR! Marketé comme un remake de Tron dégoulinant de placements produits, le dernier Spielberg me donnait l’impression d’avoir franchi un nouveau cap dans le délire consumériste, façon Le Monde Secret Des Emojis.

Ready Player One

Par curiosité (mais surtout aidé par l'enthousiasme de ma conjointe), j’ai donné sa chance au film. Pour être tout à fait honnête, la formule nécessite un temps d’adaptation : Entre la présence très envahissante des licences Blizzard et l’énorme publicité Minecraft qui sert d’introduction au monde virtuel, la première demi-heure apporte son lot de flottements.

La suite est heureusement de meilleur goût. Surtout quand on réalise que Spielberg, du haut de ses 71 ans, sait encore balancer quelques piques bien senties. Le modèle du F2P en prend pour son grade, avec une savoureuse critique par l’absurde de son modèle économique. Plus audacieux encore, le business sordide des “gold farms” chinoises sert de contexte à une partie de l’intrigue. C’est à ce moment qu’on se rend compte du fossé artistique qui sépare ce Ready Player One du Pixels de Chris Colombus. Le divertissement intelligent d’un côté, la potacherie opportuniste de l’autre.


Si le casting fait la part belle aux jeunes acteurs typés “boys/girls next door” (rien de péjoratif là dedans), on y retrouve aussi des figures plus familières comme l'inénarrable Simon Pegg (la trilogie du Cornetto, Paul) et un Ben Mendelsohn (Rogue One, Lost River) qui n’a décidément pas son pareil pour camper les rôles d’odieux salopards. Des visages qui ne sont logiquement présents que dans une faible portion du film, le gros du récit se déroulant dans un univers virtuel qui fait la part belle aux avatars numériques.

Le compositeur John Williams était pressenti, mais c’est finalement Alan Silvestri qui prend les manettes de la B.O. Il livre une partition à la fois sobre et malicieuse, n’hésitant pas à s’autociter lorsque la DeLorean rentre en scène. C’était attendu et le frisson est bien au rendez-vous. On trouve en marge de ces compositions l’inévitable "Best Of" des tubes 80’s avec Van Halen, Prince, Blondie...

Ready Player One Overwatch
 
La force de Ready Player One, c’est aussi la façon dont il digère et exploite le gloubiboulga de références 80’s. Ça carbure effectivement à la pop culture, mais sans cette manie typiquement américaine de SURLIGNER AU MARQUEUR FLUO l’identité des licences présentes à l’écran comme ça pouvait être le cas dans Pixels ou Le Monde De Ralph. Le revers de la médaille, c’est qu’il prend le risque de laisser pas mal de spectateurs sur le carreau. Un parti-pris visiblement assumé puisque le métrage va jusqu’à se moquer de la non-cinéphilie d’un de ses héros au détour d’un hommage à Stanley Kubrick.

Tout ne fonctionne pas, et Ready Player One aurait à mon avis gagné à sortir quelques années plus tôt (avant qu’on se retrouve à bouffer du revival 80’s à toutes les sauces) mais la sensibilité de Spielberg aide à faire tenir l’édifice. On sent l’enthousiasme et la sincérité du grand enfant qui traite le sujet avec un regard bienveillant. C’est peu courant quand on aborde le sujet du jeu vidéo au cinéma, et rien que pour ça le film mérite un big up!

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