Captain Skyhawk, rencontre du 3ème type

Pourquoi c'est culte?

Je suis toujours admiratif devant ces jeux de fin de génération qui parviennent à faire cracher leurs tripes à des consoles en pré-retraite. En 1990, la NES est sur le point de céder sa place à la Super NES, mais la petite boite grise est pourtant loin d’avoir rendu son dernier souffle. C’est dans ce contexte que sort Captain Skyhawk, shoot-them-up hors norme développé par un futur grand du jeu vidéo : Rare (Donkey Kong Country, GoldenEye, Killer Instinct…).

Captain Skyhawk Artwork

Sous prétexte de casser la gueule aux envahisseurs extraterrestres, le jeu nous met aux commandes d’un avion de chasse high-tech qui évolue dans des environnements en 3D isométrique. Ce supplément de relief permet de gérer non seulement les déplacements horizontaux/verticaux, mais également l’altitude de vol : une contrainte inédite qui booste la difficulté par rapport à un shoot-them-up lambda. Il faut non seulement dégommer ces foutus aliens, mais aussi veiller à ne pas se prendre de montagnes dans la tronche.

Captain Skyhawk Gameplay

Chaque mission est découpée en une série de courtes scènes : 
  • Shoot avec défilement vertical option "slalom entre les montagnes". 
  • Destruction d’une structure extra-terrestre en lieu de place de boss de fin de niveau.
  • Fuite à travers les océans dans une pseudo 3D très "After Burner".
  • Retour à la base avec une petite manoeuvre d'atterrissage.

L’enchaînement est bien trouvé, avec des sensations fortes et une technique qui suit malgré le manque de coffre de la NES. Sans concurrencer ni même approcher ce qui se faisait en d’arcade à la même époque, Captain Skyhawk se défend bien et propose des visuels très flatteurs. Les mauvaises langues diront que les couleurs arrachent la rétine, MOI J’AIME BIEN!

Captain Skyhawk Boss

Loin de se borner à être joli, le titre de Rare se démarque par bon nombre de petites subtilités : Objectifs variés à accomplir (largage d’équipement, sauvetage de scientifiques…), équipement évolutif à acquérir en gagnant des crédits, missions non linéaires avec différents embranchements… Le jeu est de fait assez difficile à appréhender, mais une fois tout ce bordel assimilé on ne décroche plus!

Indissociable du studio Rare, le compositeur David Wise (Donkey Kong Country!!) livre ici une bande son particulièrement minimaliste : Oubliez la musique! Captain Skyhawk est un enfer ininterrompu de bruitages guerriers passés à la moulinette 8bits. Une performance qui ne dépareillerait pas dans la discographie d’un groupe d’électro/noise japonais. Plus sérieusement, les "CRRRRSHHHHH", "BZZSSHHHZZZZ", "BAAAAAM" ça va bien 2 minutes, autant couper le son.

On passe facilement l’éponge sur cette lacune car Captain Skyhawk fait carton plein sur tous les autres aspects. Mieux encore : il suinte littéralement la folie créative et déborde de bonnes idées, une générosité qui est la marque des grands jeux vidéos (*insérez ici une référence à Castlevania*). Hélas, ce titre restera un one-shot vite délaissé au profit de licences plus rentables.

Captain Skyhawk Landing

Son manque de popularité s’explique également par une distribution calamiteuse : paru en 1990 aux États-unis, il ne sera disponible sur le vieux continent qu’en… 1994! C’est presque anachronique quand on sait que Rare sortait cette même année le magnifique Donkey Kong Country. Je n’avais moi même JAMAIS entendu parler de ce jeu avant d’acheter (sans conviction particulière) la cartouche au Cash Converter du coin. Bonne pioche!

Comment y jouer aujourd'hui?

On pouvait s’attendre à retrouver ce très bon shoot-them-up sur la compilation "Rare Replay" de 2015… mais ce n’est pas le cas! Problème de copyright? C’est donc vers l’émulation qu’il faudra se tourner pour redécouvrir Captain Skyhawk. Dommage.


Potentiel de rejouabilité : 7/10

Pas de date de péremption pour cette petite bombe vidéoludique. Un jeu à redécouvrir, ne serait ce que pour prendre conscience de ce dont est capable une NES poussée dans ses retranchements.

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