Bushido Blade, le jeu de baston qui te "one-shot"

Dans les années 90, deux studios vont tenter d'imposer leur vision du jeu de baston à l'arme blanche. D'un côté, Namco avec son Soul Blade opte pour un gameplay très arcade, où les personnages enchaînent les combos acrobatiques sans trop se soucier d'un quelconque réalisme. En face, Squaresoft propose une approche plus fine avec son Bushido Blade. Cette quasi-simulation fait table rase des codes du jeu de combat: Il n'y a même pas de barre de vie! Un seul coup de sabre bien placé suffit à tuer l'adversaire. 

La suite de l'histoire est assez connue : Rebaptisée Soul Calibur, la série de Namco va rencontrer un énorme succès, bien aidée par un marketing outrancièrement sexiste et des choix de design plutôt gonflés. De son côté, Bushido Blade devra se contenter d'un petit succès d'estime (la malédiction des jeux de baston signés Squaresoft...) et d'une suite jamais sortie en occident.

Bushido Blade Cover

Pourquoi c'est culte?

Ce désamour pour le jeu de Square s'explique facilement : Bushido Blade était un ovni! Jusqu'au-boutiste et très exigeant dans sa quête de réalisme, il ne pouvait pas plaire au grand public. En revanche, pour les amateurs de culture japonaise et de films de sabres, c'était de l'or en barre! D'abord, parce que le jeu intègre un véritable code de l'honneur du samuraï, qui pénalise les joueurs fourbes. Pour obtenir la bonne fin du mode arcade, il faut triompher de ses adversaires dans les règles de l'art. Pas question d'attaquer un ennemi à terre ni de le frapper dans le dos. On se bat en suivant les règles, comme dans un véritable duel, avec la discipline que ça implique. Les victoires n'en sont que plus satisfaisantes.

Bushido Blade Blood


Toujours dans cette logique de réalisme, Bushido Blade se dote d'une localisation des dégâts très pointue. Une attaque portée à la tête tue instantanément. Un coup au bras empêche de tenir son arme à deux mains. Une jambe touchée, et on se retrouver à  ramper comme un con pour le reste du combat... L'absence de barre de vie ne débouche donc pas sur des combats éclairs où l'on meurt en 5 secondes. Il faut de la patience pour trouver une ouverture dans la garde de l'adversaire sans s'exposer soi-même.

À la manière d'un Nioh, on peut switcher entre 3 postures qui favorisent soit l'attaque ou la défense. On a donc un assez large choix d'attaques malgré l'approche réaliste du titre, d'autant que chaque personnage possède son épée, plus ou moins longue et lourde, qui dicte le style de combat.

À côté des classiques modes "Arcade" et "Versus", Bushido Blade innove avec un "Slash mode" qui nous balance à la gueule 100 adversaires à la suite, dans un long couloir sans issue. Totalement addictif, ce mode repose sur une logique de pur die and retry où l'on peut crever après 1/2 heure de jeu sur une bête faute d'inattention. C'est punitif, mais au fond on aime bien ça! Ah, il y a aussi un mode à la première personne, immersif, mais totalement injouable. Une curiosité dans un jeu déjà bien atypique.

Bushido Blade Characters


Visuellement, c'est assez sommaire. Les personnages sont anguleux et les décors quasi-vides. Cette économie de moyens a quand même des bons côtés, puisqu'elle permet une bonne lisibilité sur le champ de bataille. Dans un jeu aussi exigeant, c'est plutôt une bonne chose. Certaines zones quand même assez grandes, et permettent de jouer à cache-cache avec l'adversaire, voire de lui faire des petites blagounettes avec les éléments interactifs du décors.

Potentiel de rejouabilité : 7/10

Si Bushido Blade garde un intérêt en 2020, c'est évidemment parce qu'il est resté unique en son genre. Les jeux de baston où l'on meurt en un coup, ça ne court pas les rues! Le semi-flop du jeu n'a pas poussé grand monde à reprendre le flambeau... C'est bien dommage, car la formule est très fun et apporte une vraie tension aux combats. 

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