Découvrir un jeu 25 ans après sa sortie, c'est casse gueule! Sans l'affect et la nostalgie, certains classiques des générations passées peuvent virer à la séance de torture. Mais voilà, je n'avais jamais joué à Chrono Trigger, le RPG culte de Squaresoft !!! Un oubli que je me suis décidé à réparer, en 2020, soit un quart de siècle exactement après la sortie initiale du jeu.
Inutile de faire durer le (faux) suspens : Chrono Trigger est toujours un chef d'œuvre, même selon les critères de 2020. Aidé par une réalisation au sommet de la 2D 16 bit, le RPG culte est toujours très agréable à l'œil. Certains décors sont carrément conçus comme des tableaux, et témoignent déjà du savoir faire hallucinant de Squaresoft.
Le gameplay, influencé tout autant par Secret Of Mana que par Final Fantasy 6, est très souple. C'est toujours du tour par tour, mais sans rencontres aléatoires ni transitions pour introduire les combats. On affronte les monstres qu'on croise, à l'endroit exact où la rencontre a lieu, sans cassure de rythme. Libre aussi à nous d'éviter les combats en contournant les ennemis. Ce système de combats "à la carte" est à mon avis le compromis parfait entre le charme du tour par tour et le rythme soutenu d'un action rpg. Même pour un amateur de jeu de rôle rétro, c'est un soulagement de ne pas "subir" des combats tous les 3 pas quand on s’est paumé dans un donjon.
Les 7 personnages jouables ont des rôles prédéfinis qui reprennent les archétypes du genre (mage, guerrier, heal…), et chacun possède une affinité avec un élément. C’est clair et facile d’accès comme j’aime. Parmi nos héros, peu de clichés : une mécano geek, un robot émotif, un chevalier grenouille (?!?), une princesse qui aspire à un autre destin… Chacun est attachant à sa façon, et l’intrigue offre des rôles plus importants aux personnages qu’on place dans son équipe (dialogues supplémentaires, interactions avec les PNJ…).
Du côté de la musique, la partition de Yasunori Mitsuda est un régal, avec une ribambelle de thèmes mémorables, tantôt enjoués, tantôt sombres. Le vétéran Nobuo Uematsu a lui aussi composé quelques morceaux, mais je serais bien incapable de distinguer les compos du maître de celles de Mitsuda, tant l’ensemble est homogène.
La grande force de Chrono Trigger, c'est le voyage dans le temps. Ce qui apparaît souvent dans les jeux vidéos comme une excuse facile pour "coller" des niveaux qui n'ont rien à faire ensemble, est ici le coeur même du jeu. On passe d'une époque à l'autre pour modifier le futur, retrouver des artefacts oubliés, et parfois même changer la psychologie des personnages (cf la quête de la pierre du soleil). Tout ça est si parfaitement intégré dans le jeu qu'on se met vite à raisonner sur plusieurs plages temporelles pour résoudre les nombreux puzzles qui jalonnent l'aventure. Ça vous rappelle quelque chose ? Day Of The Tentacle n'est pas loin…
Au delà des manipulations temporelles, c'est sur ses actes et leurs conséquences que Chrono Trigger interroge le joueur. Comme en témoigne l'incroyable scène du procès, rien n'est anodin et même les choix les plus bateaux peuvent nous retomber sur la gueule. Ce passage incroyablement bien amené est l'un des temps forts du jeu, mais je ne peux pas en dire plus sans spoiler ^^
Le jeu vidéo a t'il une date de péremption?
Pas pour Chrono Trigger en tout cas. Considéré à juste titre comme un classique intemporel, le jeu crée par la dream team Yūji Horii/Hironobu Sakaguchi/Akira Toriyama (soit Dragon Quest + Final Fantasy + Dragon Ball) était tellement en avance sur son temps qu'il reste très actuel en 2020.
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