Musique et jeu vidéo, l'accord parfait?

Très tôt, je me suis pris d'affection pour les musiques de jeux vidéo. C'est avec la NES que tout à commencé. Bon, je sais, 8bit = Chiptune, bip bip/pouet pouet et textures sonores pas folichonnes… Mais déjà à l’époque, certains jeux sortaient du lot avec des bandes originales simples mais entêtantes, dont les mélodies restaient dans la tête pendant des jours entiers.

Mon premier coup de coeur, c'était Shadowgate, un jeu d’aventure “point and click” où il fallait ramasser des objets et les utiliser au bon endroit. D’un point de vue strictement ludique, c’était pas foufou, mais l’ambiance sonore donnait au jeu un vrai supplément d’âme. Écoutez moi ces mélodies, est ce que c'est pas totalement hypnotique?

Shadowgate


Plus tard, j’ai eu un(e) Gameboy. Comme 90% de la population de la terre. Le processeur sonore de la petite portable n’était pas vraiment une foudre de guerre, et je ne vous parle même pas du touuuuut petit haut-parleur mono de la console, généralement masqué par la main droite. Malgré ça, j’en ai pris plein les oreilles avec Zelda, Link’s Awakening. Cet épisode à priori mineur était un sacré tour de force, et sa bande son surclassait largement la plupart des titres de la génération 8 bit. Même plus de 25 ans après sa sortie, le superbe crescendo de l’introduction, lorsque Link affronte la tempête puis s’échoue sur l’île Cocolint, me file toujours d’énormes frissons. 

Zelda Links Awakening


Vers le milieu des années 90, j’ai cassé ma tirelire pour une Playstation. Avec son support CD, la console de Sony a révolutionné la façon d’aborder la musique dans un jeu vidéo. Adieu le chiptune et les bruitages abstraits, on rentrait dans l’ère de la haute définition, avec des musiques enregistrées en studio par de véritables musiciens.

Avec des jeux comme Symphony Of The Night, la musique passait carrément du rôle de simple accompagnement à celui création artistique à part entière. Avec son patchwork de classique, de jazz et de heavy metal, l’O.S.T. composée par Michiru Yamane a brisé bien des barrières, et ouvert la voie à des oeuvres de plus en plus ambitieuses.

Castlevania Symphony Of The Night

Un jour, par curiosité, j’ai foutu un CD Playstation (c’était Nightmare Creatures) dans ma chaîne hi-fi, juste pour voir. Et, surprise : J’ai pu lire les musiques du jeu, non compressées, juste après la première piste réservée aux données. Quelle révélation : D’un coup, j’ai réalisé que la musique de jeu vidéo existait, en dehors du cadre de ma petite TV cathodique

C’est à ce moment que j’ai commencé à encoder, télécharger (je sais, c’est mal), et acheter des O.S.T. de jeux vidéo, au rythme de mes coups de coeur de l’ère Playstation.
La musique m’offrait un moyen de prolonger l’expérience, de continuer à visiter ces vastes mondes numériques, un casque sur les oreilles, dans le tram, bus, train… C’était cool, mais autour de moi les gens ne comprenaient pas trop l’intérêt de la démarche (Je passais pour un gros nerd). 

Il faut dire qu’à l’époque, le snobisme musical était la règle. Au lycée, chaque récré était le théâtre de dramas du genre “Linkin Park c’est commercial”, “La techno c’est du bruit”, “Le rap c’est pas de la musique”, “Moi je suis un vrai, j’écoute que les 3 premiers albums de Metallica”... dans ce climat, c’était pas évident d’assumer l’écoute de la B.O. de Resident Evil sur son walkman.

Vers la fin des années 2000, j’ai cessé de ressentir de la gêne par rapport à ma passion. D’abord parce qu’en arrivant à l’âge adulte, on accorde moins d’importance à l’opinion des gens (que j’écoute les Spice Girls, Napalm Death ou le thème de Kirby, ça ne regarde que moi…), mais aussi parce que le jeu vidéo est devenu plus mainstream et ancré dans la culture populaire. Preuve en est, certains compositeurs sont devenus de véritables stars. Alors qu’il y a peu, c’était encore mal vu “d’écouter” des musiques de jeux vidéo, le public s’est mis à se passionner pour Nobuo Uematsu (Final Fantasy), Akira Yamaoka (Silent Hill), mais aussi à redécouvrir des compositeurs historiques comme Koji Kondo (Mario, Zelda…). 


Final Fantasy 7


Aujourd’hui, la musique de jeu vidéo est devenue un produit de consommation comme un autre. On retrouve d'innombrables O.S.T., compilations et même albums de reprises sur les plate-formes de steaming musical. Les studios indépendants sont également de plus en plus nombreux à commercialiser les musiques de leurs jeux sur des plate-formes comme Bandcamp. Du côté des gros mastodontes du jeu vidéo, on prend le marché très au sérieux. Un exemple? Jetez un oeil à l'imposant catalogue de Square Enix, qui déborde de collectors prohibitifs (les 36000 relectures jazz/techno/rock des OST de Final Fantasy, ou encore celle de FF7 Remake sur 7 CD!!!).

Notez que, curieusement, on ne se bouscule pas pour écouter les musiques de l'autre série phare de Square Enix : Dragon Quest. La faute à la torture sonore imposée par l'inquiétant Kōichi Sugiyama, compositeur/boulet attitré de la série? Perso, j'utilise le thème de combat de Dragon Quest XI comme alarme à incendie. C'est redoutable!

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