Resident Evil Zero, le bien nommé

Dans mon article de la semaine dernière, je qualifiais Resident Evil 6 de moins bon épisode de la série. Quelle gaffe ! J'avais complètement zappé cette autre grande tâche dans la série phare de Capcom : l'infâme Resident Evil Zero.

Je sais, le titre de l'article est un peu facile. Mais avouez que l’épisode Zero fait figure de vilain petit canard qu’on oublie volontiers dans l’ombre de son grand frère Resident Evil Rebirth. Les deux titres parus sur Gamecube au début des années 2000 ont beaucoup en commun, mais montrent à quel point un subtil changement dans le dosage des ingrédients peut complètement foutre en l’air une recette. 

resident evil zero jaquette

Pourquoi c'est naze?

Tout d’abord, Resident Evil Zero part sur une promesse non tenue : le train! Hé oui, avant sa sortie, le jeu était vendu comme le premier survival horreur à se dérouler intégralement dans un train, façon Orient Express avec des morts vivants. Dans les faits, seule l’introduction se déroule dans le fameux train, soit 1 heure de jeu grand max en prenant son temps. La majeure partie de l'aventure prend place dans des lieux déjà visités 100 fois : Manoir, Labo… Que du vu et re-vu! Je pense qu’à l’époque, il s’agissait plus d’une maladresse de communication que d’une réelle volonté de mentir aux joueurs, mais quelle déception! 

resident evil zero gameplay

De l’innovation, Resident Evil Zero en apporte sur d’autres points, mais là encore, c’est pas le pied. Tout d’abord, on incarne deux personnages simultanément : Rebecca et Billy. La première est un personnage très secondaire du premier R.E, pas bien charismatique, mais qui a le mérite de faire le lien avec la suite des événements. Quant à Billy, avec ses cheveux plaqués et ses menottes en guise d’accessoire fashion, il évoque plus volontiers un membre de boys band que le criminel de guerre qu'il est supposé être. Le gameplay mise donc sur la coopération entre ce duo de bras cassés, qui peuvent résoudre des énigmes à quatre mains, et bien sûr casser du zombie avec deux fois plus de force de frappe. Dans les faits, incarner deux personnages rend le gameplay typique de Resident Evil deux fois plus lourd. En gros, on passe son temps à échanger des objets entre Rebecca et Billy pour faire de la place dans leurs minuscules inventaires.

Ce problème est très nettement accentué par la disparition des coffres de stockage. À présent, tout le matos qu’on ne peut pas stocker dans l’inventaire, il faut le déposer à même le sol. Dans un jeu à la structure aussi tentaculaire, cette contrainte transforme vite la gestion des objets en un enfer de backtracking. Il m’est arrivé de devoir traverser l’intégralité de la carte, juste pour revenir chercher le grappin du tout début, dont je ne pensais plus avoir besoin. Pour ne rien arranger, le jeu regorge de gadgets dispensables, d’armes en doublon (pourquoi deux pistolets et deux fusils identiques?) et d’objets clés qui prennent deux emplacements dans l’inventaire. 

resident evil zero

Le scénario en lui-même n’est pas passionnant. Alors que Resident Evil Rebirth arrivait à préserver un voile de mystère sur les agissements d’Umbrella et les origines du virus, Resident Evil Zero fait cabotiner ses grands méchants dans de trop nombreuses cinématiques. Wesker taille la discute avec William Birkin, Wesker se prépare un petit café, Wesker consulte ses mails… Je caricature à peine. Autre gros problème : Dans Resident Evil Rebirth, Rebecca était présentée comme une novice incapable d’assurer sa propre survie, et la voilà qui dégomme du mutant par paquets de 10 dans une prétendue préquelle…

Heureusement, le jeu s’en sort quand même sur la partie technique. Le moteur mis au point par Capcom pour Rebirth fait ici encore des miracles. Les décors sont beaux, détaillés, et fourmillent de détails. Certaines scènes, comme sur le toit du train, ou dans l’église, sont visuellement bluffantes et témoignent de l’énorme savoir-faire du studio Japonais quand il s’agit de créer des environnements immersifs. Ça ne sauve pas les meubles, mais il faut au moins laisser ça à Resident Evil Zero : Même en 2020, c’est toujours un sacré beau jeu!

Potentiel de rejouabilité : 4/10

En résumé, je pense que Resident Evil Zero est l’épisode canonique le moins bon de la série. Il a, de plus, eu le malheur de tomber entre un remake parfait (R.E. Rebirth), et un grand classique du jeu vidéo tout court (R.E. 4). Pas étonnant qu’il soit tombé dans l’oubli! Le jeu est aujourd’hui proposé en bundle avec Rebirth dans la compilation Resident Evil Origins sur PS4, Xbox et co. C’est peut être une occasion de le redécouvrir... Mais on peut aussi fort légitimement s’en foutre.

Aucun commentaire